Dans le paysage économique actuel, l’alternance est devenue une voie d’insertion professionnelle privilégiée, avec une hausse de 16% des contrats signés en 2023, selon le Ministère du Travail. Pourtant, une question demeure dans l’esprit des dirigeants d’entreprise : quel est le véritable coût d’un alternant ? Entre les avantages fiscaux, les subventions et le coût de la formation, le calcul peut vite devenir complexe. Pour lever le voile sur cette équation financière, nous avons mené notre enquête sur le véritable coût d’un alternant pour une entreprise.
Quels sont les coûts spécifiques liés au recrutement d’un salarié en alternance ?
Le recrutement d’un salarié en alternance engendre des coûts pour l’employeur, qui diffèrent d’un contrat de travail « classique ». En contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, l’alternance permet à l’entreprise de répondre à ses besoins en main-d’œuvre qualifiée ou de faire face à une pénurie de compétences dans ses métiers. Elle facilite également l’intégration du salarié et lui permet d’acquérir des savoir-faire spécifiques correspondant aux métiers de l’entreprise.
Si on en croit le site Growth Incubateur, le coût du contrat d’apprentissage est généralement moins élevé pour l’entreprise que celui du contrat de professionnalisation, mais cela dépend également du niveau de prise en charge de la formation.
Comment est fixée la rémunération d’un salarié en alternance ?
En ce qui concerne la rémunération d’un salarié en alternance pour l’année 2023/2024, le salaire mensuel brut en contrat d’apprentissage est fixé en fonction du Smic. À partir du 1er mai 2023, le montant du Smic mensuel brut étant de 1 747,20 euros. Les rémunérations étaient calculées comme suit :
Année d’alternance | Moins de 18 ans | 18 à 20 ans | 21 à 25 ans | 26 ans et plus |
---|---|---|---|---|
1ère année | 27% du Smic | 43% du Smic | 53% du Smic | 100% du Smic |
2ème année | 39% du Smic | 51% du Smic | 61% du Smic | 100% du Smic |
3ème année | 55% du Smic | 67% du Smic | 78% du Smic | 100% du Smic |
Comment estimer le coût d’un alternant pour une entreprise ?
Le simulateur de coût du Portail de l’Alternance, disponible en ligne, offre une première estimation du coût d’un alternant pour une entreprise. Grâce à cet outil, il est possible de sélectionner le type de contrat, le niveau de formation visé, l’âge de l’alternant, la durée du contrat et la région d’activité. Les résultats obtenus grâce à ce simulateur fournissent des informations précieuses sur le coût salarial, comprenant le salaire brut, les exonérations de cotisations sociales et les cotisations patronales.
- De plus, l’État accorde des aides financières aux entreprises qui embauchent des alternants.
- Il faut dire que Pôle emploi peut également octroyer d’autres aides lors du recrutement en contrat de professionnalisation d’un demandeur d’emploi de plus de 26 ans ou de plus de 45 ans.
- Le simulateur prend en compte le salaire de référence, qui correspond au minimum réglementaire.
Ce salaire peut être revu à la hausse en fonction de l’actualisation du SMIC, d’une convention collective prévoyant un revenu minimum plus élevé, ou si l’alternant peut prétendre à une rémunération égale à 85% de la rémunération minimale conventionnelle ordinaire. Précisons que la validation du salaire qui sera versé relève de la compétence des OPCO dans le cas d’un contrat de professionnalisation, et des Chambres consulaires dans le cas d’un contrat d’apprentissage.
Quels sont les avantages financiers pour une entreprise qui embauche un alternant ?
En plus des coûts associés à l’embauche d’un alternant, il faut prendre en compte les avantages financiers que cela peut représenter pour une entreprise.
En effet, l’alternance est un dispositif qui permet aux entreprises de bénéficier de plusieurs aides et avantages fiscaux. Ces derniers contribuent à réduire considérablement le coût de l’alternant pour l’entreprise.
Parmi ces avantages financiers, on peut citer les exonérations de charges sociales. En effet, l’embauche d’un alternant permet à l’entreprise de bénéficier d’exonérations de cotisations patronales de sécurité sociale. Ces exonérations peuvent être totales ou partielles en fonction de la taille de l’entreprise et du type de contrat d’alternance. De plus, l’entreprise peut également bénéficier d’une aide unique pour l’embauche d’un apprenti. Cette aide, qui peut atteindre plusieurs milliers d’euros, est versée par l’État et vise à encourager l’embauche d’apprentis.
L’alternance permet aussi à l’entreprise de former un futur salarié à ses propres méthodes et valeurs, ce qui représente un gain de temps et d’argent non négligeable. En effet, l’alternant est formé sur le terrain et acquiert une connaissance approfondie des métiers de l’entreprise, ce qui facilite son intégration et sa montée en compétences. De plus, l’alternance est un excellent moyen pour l’entreprise de fidéliser ses salariés et de préparer la relève.
Recruter un alternant : comment fonctionne le financement ?
Paul (Lille) : Attention aux coûts cachés d’un alternant pour une entreprise
En tant qu’étudiant en Bachelor d’informatique en alternance, j’ai expérimenté les complexités liées à la rémunération des alternants. Lors de la signature de mon contrat, j’ai réalisé que le barème de rémunération minimum n’était pas respecté. Pour une troisième année d’alternance et étant dans la tranche d’âge 21-25 ans, je devrais recevoir 78% du SMIC, mais on m’a proposé seulement 55%. Après plusieurs échanges, on m’a finalement accordé 85% du SMIC. Cependant, l’entreprise est revenue sur sa décision, arguant que ma formation n’était pas considérée comme une troisième année d’alternance car c’était un diplôme supplémentaire au BTS.
Malgré le soutien de mon organisme de formation, qui affirmait que ma troisième année devrait être considérée comme telle, le service RH de l’entreprise a cherché à vérifier cette information auprès de l’OPCO. Un détail important à noter est que la RH m’a informé que si j’étais rémunéré comme une troisième année, cela remettrait en question tous les contrats de leurs alternants actuels, car aucun n’était payé selon ce barème, qui est pourtant le minimum obligatoire.
Après de longues recherches, j’ai découvert que mon Bachelor s’assimilait à une licence en apprentissage, et non à une licence professionnelle. Cela a résolu mon problème, mais le défi a été de faire comprendre cela à l’entreprise. J’ai également dû me renseigner auprès de l’OPCO et éventuellement de l’inspection du travail. Cela montre que le coût d’un alternant pour une entreprise peut être plus complexe qu’il n’y paraît, en raison des différentes interprétations possibles des règles de rémunération.
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